René Bruneau

Les pièces de théâtre

Il s’agit essentiellement de comédies, entre vaudeville et farce, avec un goût marqué pour la confrontation entre des personnages truculents, hauts en couleurs, parfois énormes mais toujours au grand cœur, et d’autres joyeusement antipathiques, aigris, revêches, ou un rien pathétiques, malmenés par l’existence. Les décors de l’action sont volontairement insolites. Il peut s’agir d’une prison, d’un bordel 1900, d’un asile de fous, d’une chambre à coucher, voire… d’une scène de théâtre. L’action y est cataclysmique, emportée par la faconde et la fougueuse vitalité du personnage principal dont les gaffes ne manqueront pas de provoquer d’inextricables complications, dans une situation initiale déjà problématique. Tout cela évidemment pour rire et faire rire, ce qui n’implique pas que la comédie doive se dispenser de juger un peu de notre monde, qui lui ne prête guère à rire !

Alors, vive la comédie ! Vive le théâtre !

Ces pièces sont jouées un peu partout en France, le plus souvent par des troupes d’amateurs, nombreuses dans nos régions, et dont le quasi-professionnalisme est toujours surprenant. On a pu les voir aussi en Suisse, en Belgique et au Canada. Deux d’entre elles ont été présentées au festival-off d’Avignon.

Les pièces éditées sont disponibles aux Éditions Art et Comédie et à la Librairie Théâtrale

Les pièces de théâtre éditées

Quelle santé!

Comédie en 5 actes - 5 femmes, 2 hommes. – Un seul décor- Durée : 1 h 50

A Chicago, on ne connaît que trop Ma Grafton, la mère fracassante des terribles frères Grafton. En liberté, c'est une calamité ; en prison c'est un ouragan de trubulence et de jovialité. Comme ses compagnes de cellule ne sont pas tristes non plus, pour l'administration du pénitencier, c'est carrément la galère! On l'aura compris, si l'une des grandes originalités de cette comédie est d'avoir pour décor la cellule d’un pénitencier féminin américain, la pièce pour autant n'engendre pas la mélancolie! Personnages hauts en couleur, dialogues percutants, situations cocasses et rebondissements multiples en font un cocktail revigorant et joyeusement explosif. Le sujet aurait pu être grave. Et tendre. Il l'est d'ailleurs : l'émotion affleure en permanence derrière le fou rire et l'entrain cataclysmique. Ma Grafton dans ses œuvres, c'est irrésistible de drôlerie! Gloria, Rosy et Marilyn d'abord perplexes, voire hostiles, bientôt lui emboîteront joyeusement le pas. Guilmore, le journaliste, apprendra à regarder au-delà des apparences. Le Directeur et la surveillante chef finiront, eux, par s'humaniser et repenser leur vie. Bref, tout finira bien dans un dernier éclat de rire, mais quelques questions, chemin faisant, auront été posées.

A signaler la distribution intéressante pour une troupe de théâtre à majorité féminine.

Têtes à claque

Comédie en 5 actes - 5 femmes, 2 à 4 hommes – Un seul décor - Durée : 1 h 50

Vers 1900, une demoiselle de province très cocardière hérite, à Paris, d'un orphelinat pour jeunes filles : plutôt mélo! En réalité, l'orphelinat est une maison... très spéciale, un "claque" réputé, fréquenté par les officiers de l'Etat-major et des diplomates. Déjà plus drôle!

Si d'aventure, notre provinciale décide de visiter son orphelinat, et que du coup les demoiselles de petite vertu sont contraintes, pour conserver leur maison, de jouer les pathétiques orphelines (alors que bien sûr, les "messieurs" eux, ignorent tout) ça vire rapidement à la plus joyeuse pagaille. Si, en outre, la bonniche de la « maison close » est d'une nature tonitruante et sacrement gaffeuse, si parmi les filles se cache une Mata-Hari friande de secrets militaires, traquée par un agent secret un peu méchant et surtout très bête, si le Préfet de police, qui dirige l'enquête, se prend de passion pour la demoiselle de province qu'il croit être une des "pensionnaires" de la maison, puis entreprend de faire d'elle par patriotisme la tenancière de l'endroit, si dans ce charivari débarque un vieux duc anglais, et que Scotland Yard s'en mêle, tout ça transforme la scène deux heures durant, en la plus jubilatoire des pétaudières, dans une tornade de quiproquos, de bévues, de rencontres inattendues et de coups de théâtre!

Le sujet est original et permet quelques joyeux numéros d'actrices. Surtout, qu'on ne s'y trompe pas : il s'agit d'une pièce destinée à tous les publics, d'une pièce vraiment très drôle, sans équivoque aucune, jamais scabreuse, et qui baigne dans la plus franche hilarité.

La difficulté majeure sera probablement de la jouer sans rire!

Il est à noter que la pièce a été construite de façon à ce que 2 acteurs suffisent pour jouer les 4 rôles masculins.

Maman, y a papa qui bouge encore

Comédie en 3 actes - 4 femmes, 3 hommes et 1 figurant – Un seul décor - Durée : 1 h 40

L'enfer, est, dit-on, pavé de bonnes intentions. C'est ce que doit penser Félix lorsque, dans son univers feutré et masculin, déboulent Donatienne et sa fille Clémentine! Lui, est une ancienne gloire de la danse. Elles, sont les deux seules femmes de sa vie, qu'il a fait rechercher pour soulager sa conscience : Donatienne fut un petit rat de l'Opéra qu'il séduisit, engrossa et abandonna. Au soir de son existence, il a décidé de leur léguer sa belle maison de Neuilly. Fred, son secrétaire très particulier et compagnon très cher, craint le pire. Et il a bien raison! C'est que le petit rat est devenu une maîtresse femme, virago tonique et forte en gueule. Avec sa fille Clémentine - toute jeune maman d'un garçonnet - elle survivait jusqu'alors dans une caravane délabrée sur un terrain vague de banlieue, à coups d'arnaques minables. C'est dire que la maison de Neuilly est pour elles deux, providentielle! Et ce, d'autant plus qu'elles sont sous le coup d'une enquête sociale, diligentée par une vieille fille acariâtre qui s'est promis d'arracher le bébé à une telle promiscuité. Mais le doute s'installe : Donatienne est-elle bien Donatienne ? La promesse d'héritage s'éloigne, et le temps presse! Du coup la terrible grand-mère se déchaîne et révèle d'étonnantes dispositions de véritable serial-killer!

Bref, un thriller. Mais un thriller pour rire ! Une comédie d'humour noir, où le noir est toujours jubilatoire et l'humour désopilant. Des personnages avec de sacrés tempéraments, déjà pas tristes en eux-mêmes, et dont la rencontre prend les allures d'un séisme irrésistible!

C'est tonique, original et décoiffant! Puisqu'il faut bien mourir de quelque chose, autant mourir de rire!

Noirs desseins et peau de peinture

Comédie en 4 actes - 3 hommes, 3 femmes – Un seul décor - Durée : 1 h 30

Juliette attend fébrilement Benjamin Van Ecker, son premier amour, devenu un peintre célèbre, et qui, naguère, peignit d'elle un nu. Thomas attend surtout que sa femme se calme! Barnabé, un clochard caché chez eux, attend lui, de pouvoir filer à l'anglaise. Quant à bonne-maman, elle attend que sa fille profite de l'occasion pour se refaire une vie dorée!

Mais de Benjamin, point! Et ce, en dépit de la venue intempestive d'une aguichante journaliste, puis l'irruption explosive de Mammy, une ahurissante grosse nounou noire qui en emporte largement plus que le vent!

Enfin arrive Benjamin! Hélas, très vite la question se pose : Benjamin est-il bien Benjamin ? Et du coup, Barnabé est-il Barnabé, la journaliste est-elle journaliste, Mammy est-elle bien noire, et surtout le tableau de Juliette est-il bien le tableau de Juliette?

Heureusement, la police est là pour débrouiller la sombre machination. Et Dieu merci, sont également là, Benjamin et surtout... Mammy !

Bref, tel sera pris qui croyait prendre ! Et tels s'aimeront qui croyaient ne plus s'aimer... Cependant on aura frôlé le drame ! Et l’on aura surtout bien ri !

Miroirs de Venise

Comédie en 5 actes - 4 femmes - 5 hommes – Un seul décor - durée : 1 h 45

Une troupe d’aujourd’hui répète fiévreusement une comédie intitulée “Les Miroirs de Venise”. Le théâtre dans le théâtre ! Pour cette troupe, endettée, financièrement aux abois, la répétition se doit impérativement d’être un succès. C’est qu’en effet, deux spectateurs très particuliers se sont fait annoncer : un producteur qui pourrait commanditer le spectacle, et un huissier chargé de saisir le matériel et les costumes...

Curieusement, l’intrigue de la comédie qu’on répète (l’action s’en déroule dans la Venise du 18ème siècle, durant le Carnaval) fait écho aux joies et aux espoirs mais aussi aux coups de gueule et aux rivalités qui agitent furieusement la troupe. Et ceci, au point qu’entre scène et réalité, tourne, jusqu’à s’emballer, la ronde ambiguë des vrais et faux sentiments, des mensonges et des apparences. La vérité viendra du Miroir...

Tout cela, bien sûr, est écrit pour faire rire, et la joyeuse démesure de personnages truculents, hauts en couleurs et forts en gueule, ajoutera à la drôlerie des résonances entre le théâtre et la vie.

Bref, une pièce étonnante et détonante, une pièce à rire beaucoup, et qui emportera le spectateur, entre fraîcheur et bouffonnerie, marivaudage et émotion, dans la magie du théâtre et de la comédie.

Pièces de théâtre en lecture libre (me contacter)

Pièce en trois actes – 5 femmes, 3 hommes – Un seul décor- Durée : 1h30

Pas de raison

L’action se déroule dans une dictature imaginaire, de celles où l’on a coutume d’enfermer les opposants politiques, et autres empêcheurs de tyranniser en rond, à l’intérieur d’un hôpital psychiatrique. Dans cet asile de fous sont donc reclus un ancien premier ministre destitué et désormais passablement alcoolique, une mère à la recherche de son fils « disparu », une fille à scandales qui fut naguère la jeune maîtresse d’un vieux ministre, et un être mystérieux qui se prend pour…

Une centrale nucléaire voisine menace de faire explosion. On a évacué toute la région, sauf les « fous ». Sauf aussi le sadique directeur de l’endroit et son assistante que leur cupidité a rendu imprudents et que voilà bloqués, et coupés du monde, parmi leurs « pensionnaires ». La tension monte…

Tout cela pourrait être fort sinistre si la « folie » des prisonniers ne rendait l’atmosphère de la maison plutôt déjantée, et si surtout l’arrivée d’une drôle de fille de salle, taillée à l’emporte-pièce et dotée d’une sacrée nature ne venait ajouter au délire ambiant.

Dans cet ilot de vie oublié, le quotidien va s’organiser, une société va se recomposer.

Mais cette société de parias parviendra t-elle à échapper aux démons de toute communauté humaine, que sont le goût du pouvoir et de l’argent? Saura t-elle résister aux manipulations sournoises de leurs anciens geôliers? Ou bien pourrait-il arriver que ces « fous-victimes » retrouvent les réflexes de leurs bourreaux d’hier?

Le monde est-il capable de raison garder?

On pourrait craindre en effet que tout cela ne fût plus effrayant que drôle, et cependant on rira beaucoup! On est là dans un théâtre à rire, avec des personnages qui ne sont pas faits pour engendrer la mélancolie! Et peut-être s’apercevra t-on après coup, qu’à y bien réfléchir, c’est de soi-même que l’on a ri.

Comédie en 1 acte – 1 homme, 3 femmes, 1 figurant(e) – Durée : 30 mn

Pièce courte, comme en réclament parfois les troupes, pour occuper la première partie d’un spectacle.

Narcisse a sauvé deux enfants de la mort. Blessé, il est décoré. Les médias parlent de lui, publient sa photo. Et voilà qu’au moment où une infirmière vient pour lui refaire ses pansements, deux femmes se présentent à son domicile. Qui se présentent comme étant, l’une son épouse, l’autre sa belle-sœur. Il aurait disparu avec la dot le lendemain de son mariage! Sa mégère de belle-sœur le somme d’avouer qu’il est bien ce mari indélicat. L’autre, visiblement, n’aspire qu’au bonheur de retrouver son mari qu’elle croyait mort.

L’homme nie, se défend, l’affaire se corse, la violence menace…

Ce héros d’un jour est-il bien l’époux disparu? D’où sortent ces lingots qu’accidentellement on découvre dans un trou du mur et dont la valeur dépasse de très loin celle de la dot?

Une histoire courte, au rythme vif, menée tambour battant par une virago qui n’a pas sa langue dans sa poche, des dialogues percutants, bref tous les ingrédients pour rire et faire rire!

4 hommes, 4 femmes - Décor unique : une chambre d’un garni – Durée : 1h50

Martin, l’ex-comptable repenti d’un dangereux truand, Frédi-le-Dingue, pour l’heure en prison, doit déposer au procès de son ancien patron et remettre aux juges les carnets contenant la comptabilité occulte du malfrat et les preuves de ses crimes. Le bandit est perdu si Martin témoigne et livre les carnets. N’ignorant donc pas que Frédi va lancer un tueur (ou une tueuse) aux trousses de Martin, la police tient son témoin à l’abri, dans la chambre d’un meublé, sous la protection de l’inspecteur Charlot Kolme, un balourd sans cervelle, trop sûr de lui, que seule une tricherie lors du concours d’entrée a permis d’accéder à sa fonction. Lui seul connaît l’identité de Martin. Il y a évidemment d’autres pensionnaires dans la maison : Lola, une fille de joie délurée et qui n’a pas la langue dans sa poche, une randonneuse de passage, une veuve mystérieuse, un scientifique de retour d’expédition.

Un crime soudain fait alors comprendre qu’en fait le tueur (ou la tueuse) est déjà dans la place, et qu’il ne peut s’agir que d’un ou d’une des pensionnaires.

Charlot Kolme mène l’enquête avec l’aide de Barbe, la concierge-bonne à tout faire de la maison, une femme d’épaisseur, à la vitalité débordante et tonitruante, véritable tornade, décoiffante, qui va propulser action et personnages dans un remue-ménage et un remue-méninges hilarants, où l’humour noir le dispute à la drôlerie désopilante.

L’homme (ou la femme) de main finit par tomber le masque, on frise la tragédie. Il ne manquerait plus que s’évade Frédi-le-Dingue, et que ce fou halluciné débarque sur place ! Or c’est, bien sûr, précisément, ce qui arrive…

Un effrayant mystère donc, mais qui ne fait pas mystère de son unique intention, faire rire. Et le public, à coup sûr, ne s’en privera pas…